Il a tenu à cœur au Centre Jean-Marie Pelt, à travers Isabelle Drum, de publier cette réflexion dans le contexte exceptionnel lié au coronavirus que nous traversons :
« Le défaut d’empathie au sein de nos sociétés contemporaines, marquées par l’individualisme, le relâchement, voire la rupture du lien social, a suscité l’émergence de valeurs spécifiques portées par des concepts tels que solidarité, convivialité, fraternité, coopération, mutualisme, humanisme … »
Le monde a-t-il un sens ? Jean-Marie PELT et Pierre RAHBI, Fayard, 2014
Dans notre société en perte de repères, Jean-Marie PELT, en bon visionnaire qu’il était, en est arrivé à la fin de sa vie au postulat que le concept d’associativité et de coopération était l’un des moteurs fondamental de l’évolution, du monde microscopique comme chez les bactéries aux mondes animal et végétal et aux sociétés humaines.
Nous le voyons bien aujourd’hui, alors que la planète entière est paralysée par un virus, les actions d’entraide et de solidarité, que l’on voit fleurir partout à travers le monde, arrivent à débloquer dans l’urgence des situations les plus terribles. Des associations d’idées et d’actions nouvelles, et souvent simples et pleines de bon sens, liées entre elles, apportent des solutions nouvelles. Ici la coopération est plus forte que la compétition. Dans ce confinement inédit subi par la moitié de la planète, le concept de « la civilisation de l’amour » instillé par Jean-Marie PELT prend toute sa dimension. C’est en ces termes qu’il définit sa conception de l’avenir de l’homme et de la terre dans le respect et l’unité du vivant.
Solidarité envers les plus pauvres, les plus faibles, solidarité envers les nations, les régions, les villes… Solidarité aussi et surtout envers les personnels soignants, des plus grands médecins aux infirmières et aides à domicile. Bravo à tous ! Bravo également aux petites mains, à tous ces employés injustement étiquetés de « non qualifiés ». Que deviendrions nous sans ces employés de libre-service, sans ces personnels qui nettoient nos rues et enlèvent nos ordures ? Bravo à la police, aux pompiers, aux ambulanciers. Bravo aux routiers qui alimentent les supermarchés. Bravo aussi à toutes ces associations et bénévoles qui viennent en aide aux plus faibles, aux sans-abris, aux laisser pour compte, aux chômeurs en fin de droit. Bravo à ceux qui restent à la maison et qui contribuent à trouver une solution face au coronavirus.
C’est ce que nous appliquons aujourd’hui, on le voit, mais il nous importe, pour demain, de perpétuer cet élan. Cette « civilisation de l’amour » pourrait configurer la société future, en inventant ses propres règles de coopération et d’harmonie universelles dans un monde respectueux de l’environnement.
Écologie en tête, une mouvance fermente partout dans le monde et qui génère une éthique et des comportements nouveaux. Notre jeunesse est concernée au premier chef. Elle s’interroge sur son avenir et se fait entendre, réclamant des actes concrets de la part des politiques.
Il existe de nouveaux possibles faisant appel à ce qu’il y a de meilleur en nous. Ces alternatives supposent que l’homme passe à la dimension oubliée : la sagesse qui seule peut conjurer les excès.
Nous sommes donc devant le grand choix : ou l’on continue et c’est la catastrophe, ou l’on invente une nouvelle civilisation, un nouveau paradigme, laissant entendre une révolution culturelle majeure. Seule l’écologie est susceptible aujourd’hui de produire face aux menaces annoncées une véritable « insurrection des consciences » si chère à Pierre RAHBI.On le constate actuellement, le superflu est accessoire. Cette invitation à la modération impose une exigence de justice et de partage face aux inégalités sociales, à la pauvreté et à la dégradation de l’environnement.
Alors que doit-on retenir de cette période ? Du pire ne retenons que le meilleur ! Des catastrophes surgissent des concepts novateurs qui font avancer l’humanité. Retenons que la coopération est un formidable moteur de changement. Retenons que le partage et l’altruisme sont sources de joie et de valorisation pour l’homme. Souhaitons que la communauté internationale se renforce devant les problèmes majeurs qui doivent être traités globalement au-delà des intérêts nationaux ! Il existe des nouveaux possibles. A chacun d’entre nous de les appliquer dans sa vie de tous les jours, aujourd’hui et demain.
Tel est le message laissé par Jean-Marie PELT qu’il nous importe de faire nôtre. Et l’actualité nous ouvre le chemin.
Pour compléter cette réflexion, Isabelle Drum a eu l’opportunité d’être interviewée par Radio Jerico le 30 avril 2020.